Une arrivée épique à Philadelphie

Levée vers 4h du matin par un amoureux qui gigotait beaucoup, par le stress du départ, je m’apprêtais à démarrer un voyage (a journey en anglais) qui ne s’arrêterait qu’à 4h30 du matin heure belge, de l’autre coté de l’Atlantique.

Habituée aux aventures des départs, je m’attendais à beaucoup plus de problèmes que ce que je n’ai eu (jusqu’à la sortie de l’aéroport)

  • une longue file pour enregistrer les bagages
  • un Esta pas enregistré dans le système (moi qui perd patience, l’amoureux qui me dit de me calmer, « mais je suis calme bordel!« )
  • une étiquette de bagage perdue (jamais reçue)
  • un contrôle aléatoire du bagage cabine
  • un contrôle aléatoire à la porte d’embarquement. Je sais que j’ai une tête de terroriste.
  • un seul bébé dans l’avion, il est derrière moi (et en plus il veut devenir gymnaste professionnel)
  • plus le plat que je veux puisque je suis à l’avant-dernière rangée
  • des écouteurs qui font mal
  • tous les hublots fermés donc aucune lumière du jour pendant 10h. J’ai principalement dormi et méditer (rien fait en gros).

Vous voyez, rien de bien transcendant jusqu’ici.

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Atlanta

L’arrivée à Atlanta avec 40 minutes d’avance me réjouit, vu que je m’attends au pire, j’aurai plus de temps pour y faire face. Personne à la sortie de l’avion avec ma photo sur son téléphone (lisez mon article sur l’arrivée à NYC si vous êtes curieux), une file des douanes qui avance gentiment, mon bagage à l’arrivée (heureusement parce que sans l’étiquette, j’aurais été vraiment dans la muise pour essayer de le retrouver dans les méandres des aéroports du monde). Je prends une photo des étiquettes du bagage avant de le mettre sur le tapis des correspondances (on ne sait jamais) et je repasse par la douane et les contrôles de sécurité.

En sortant, une gentille dame m’arrache mon billet des mains et crie très fort « ok madam you’re going to Phillyyyy so cooooool, Gate B9 go! » Ok j’y vais merci! Un train, un escalator et je revois la lumière du jour pour la 1ère fois depuis environ 11h30. Ça fait plaisir, en plus il y a du soleil à Atlanta! Je vais m’asseoir à mon gate et me repose un peu avant de partir en exploration. Pas grand chose à voir, j’ai soif, un ice tea (« unsweet please ») un monsieur qui joue du trombone (très sympa) et j’attends.

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Les heures passent plus rapidement quand on en a déjà passé 10 dans un avion.

Deuxième avion, tout petit, peu de gens, une emmerdeuse allemande qui pense que tout le monde veut absolument savoir qu’elle a « some daddy issues », qu’elle étudie un degré de deux ans de psychologie, qu’en Europe ceci, qu’aux USA cela. « Tais-toi!«  Il est déjà minuit dans ma tête, je veux être tranquille. Elle est, bien sur, derrière moi sinon c’est pas drôle.

 

Philly

Arrivée à Philadelphie, marche vers les bagages, longue marche, mon bagage apparaît (je m’attendais vraiment à ce que ce soit l’emmerde de l’arrivée, mais non). Je me retrouve avec un sac à dos devant, un sac à dos derrière, un iPhone à 18% (pas possible de le recharger dans le 2ème avion comme je l’espérais) et pas encore de 4G.

Aucune indication pour le train vers le centre, je cherche, je demande, j’y vais.

Arrivée à la gare de Philly, presque déserte (il est 21h, heure locale). Je me dirige vers la ligne de métro que je dois prendre et me retrouve devant un énorme couloir vide et surtout, une grille en métal qui m’empêche d’y entrer. « Ah parce que le métro ferme à une certaine heure ici? Et en plus cette certaine heure c’est pas 2h du matin, c’est 21h? » Ok…

15%

Heureusement que maps fonctionne hors connexion (juste pour savoir où tu es, la petite boule bleue salvatrice vous connaissez?). J’ai un bon sens de l’orientation, j’avais un peu regardé avant, je me dit que je peux le faire. Seulement 18 minutes de marche. Ok, il est 3h du matin pour moi, je suis levée depuis pratiquement 23h, mais je peux le faire.

12%

Le métro fermé aurait dû m’alarmer. Je sors d’une gare et qu’est ce qu’on trouve autour d’une gare? Une ville de clochards et d’addict. Je commence à me sentir pas trop à l’aise quand je vois des gens qui me regardent avec des yeux qui vont pas droit et qui ont une odeur pas très agréable. Je repousse gentiment deux zombies (être humains?) qui veulent m’aider d’un peu trop près. Je vois une fille qui marche, je la suis. Ok, elle parle toute seule et elle marche pas droit mais au moins elle est pas grande et pas grosse, je peux me débrouiller si elle pète un câble.

9%

Je marche derrière elle jusqu’à ce qu’elle ne prenne plus le même chemin que moi. Nous sommes dans le centre-ville un lundi soir à 21h15 et tout est fermé. Restaurants, bars, magasins, pharmacie, théâtres. Tout est fermé. Quelques voitures de police aux gyrophares allumés ajoutent à l’ambiance fin du monde. Je me demande franchement ce que je fais là et si je vais arriver jusqu’à ce Airbnb vivante (avec l’armée de zombie derrière moi et les autres que je croise tous les 50m, je me suis vraiment posé la question). Je dois choisir : continuer tout droit puis longer le parc (middle bonne idée) ou bien tourner à droite ici et longer un parking (middle bonne idée). Il faut choisir, je ne veux pas donner l’impression que je suis perdue et donner une occasion à ces zombies qui me suivent « gentiment » de m’accoster encore une fois donc je tourne à droite. Au milieu de la route, une voiture de police et deux énormes black qui s’énervent. Scène de film, où ai-je donc mis les pieds? Je passe à côté d’eux, me rend le plus invisible possible et je continue.

7%

Je vois un Starbucks avec de la lumière, je toque, c’est fermé. Je commence à désespérer parce que j’ai beau marcher, ce Airbnb me semble toujours aussi loin et la rue qui continue est de plus en plus sombre et ces ruelles complètements noires à côté desquelles je passe ne me mettent pas à l’aise du tout. Tout ce décors de film apocalyptique et cette ambiance lourde où chaque personne que tu croises te fait comprendre en un regard que tu n’as rien à faire là et que ça lui plait pas que tu squattes son espace vital, tout ça fait (un peu) peur.

5%

Je pèse le pour et le contre et j’allume mon wifi pour me connecter à celui du Starbucks. Vite vite vite. Uber. Prise en charge. Viiiite. Le chauffeur ne me trouve pas, m’appelle, refait le tour du bloc, me prend, me parle avec un accent incompréhensible. « What? », « sorry? », « hein? », « ok sorry sir but i’m really tired and i can’t understand what you’re saying. »

Les rues deviennent jolies mais toujours aussi mal éclairées et complètement vides.

La porte de mon Airbnb est adorable, les codes fonctionnent, je me réfugie dans ma chambre et cherche mon adaptateur. Je ne l’ai pas. Heureusement, j’avais chargé mon ordi à fond, ce sera mon chargeur jusqu’à l’expédition au Walmart du lendemain…

Philadelphie il y a 20 ans était une ville dangereuse, comme le nord de Central Park à New York à l’époque ou la banlieue de la Nouvelle Orléans. Il y a 20 ans, un virage s’est amorcé vers un mieux, une gentrification du centre et de certaines parties de la ville. Une évolution lente. Deux amis habitent aujourd’hui à Philly et m’ont dit ne pas aller dans le quartier de la gare quand ils sont à deux et en plein jour. Ils se sont déjà fait agresser plusieurs fois. J’ai eu peur sur le moment malgré mon côté rationaliste (je suis dans une grande ville, il n’est pas très tard, ma peur est surement injustifiée et exacerbée par la fatigue et l’inconnu) mais j’ai eu plus peur rétrospectivement quand deux habitants de la ville m’ont expliqué qu’effectivement, ça aurait pu mal tourner.

2 réflexions sur “Une arrivée épique à Philadelphie

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